Parlons bisexualité.
Ca tombe bien que j'aie prévu une section "Le Reste" par ici. Jamais je ne pensais faire un article à ce sujet. Pourtant, voilà hein. Asseyez-vous je vous en prie, et tenez, prenez une tasse de thé.
Ces derniers jours j'ai entendu pas mal de choses au sujet de la bisexualité, avec lesquelles je n'arrivais pas à être d'accord, et plus j'y pensais, plus je trouvais que ça sonnait faux et que c'était dérangeant.
Avant tout, clarifications : selon moi la sexualité est un sujet non seulement complexe, mais aussi hautement personnel, il vient un moment où on ne peut parler que pour soi. J'ai conscience que dire ça équivaut potentiellement à se tirer une balle dans le pied quand on s'apprête à argumenter, mais c'est précisément pour cette raison que je suis convaincue de la non-pertinence et de la non-légitimité de certaines affirmations ou théories en la matière. Enfin, je n'ai pas vocation à forcer quiconque à adopter mon point de vue s'il n'en a pas envie, par contre j'ai vocation à ne pas me ranger à des avis qui me sont étrangers. Et à dire ce que je pense ;)
Ca va pas être du gâteau au citron tout ça.
Tout d'abord, la bisexualité n'a pas une seule définition. Elle ne sera pas vécue de la même manière par ceux qui utilisent ce terme pour se définir, et c'est d'ailleurs valable pour les autres identités. Mais disons-le, le terme "bisexuel/bisexuelle" peut poser problème. Pas en soi, attention, mais dans la manière dont il est parfois compris.
En passant, voici le drapeau de la bisexualité (oui, car elle a un drapeau !)
La bisexualité n'a pas une seule définition mais, par essence, a un objet double ou multiple : une attirance pour non pas un, mais deux ou plusieurs genres. Et je ne pense pas dire une absurdité en affirmant qu'il est socialement difficile de ne pas être soit l'un, soit l'autre. Soit 0, soit 1. Soit homme, soit femme. Soit littéraire, soit scientifique. Alors qu'en fait il est possible d'être tout ça à la fois. Oui oui, tout ça, et plus de choses encore. Devinez quoi ? Il est aussi possible d'aimer les hommes ET les femmes (et plus de gens encore).
Bon, maintenant que ça c'est dit. On ne choisit pas ce qu'on ressent, c'est très vrai. En revanche, on choisit les termes qui nous définissent. On peut même choisir de ne pas se définir. Pour la bonne raison qu'on est seuls à avoir accès à tout ce qu'il se passe dans notre caboche, jusqu'à preuve du contraire. Du moment que ça ne porte préjudice à personne, soi-même est le mieux placé pour décider que faire des éléments qui le constituent, ça me paraît évident.
Bon, maintenant on en arrive au nœud du problème.
J'ai entendu quelque chose dans une vidéo (le titre de la vidéo : "mostly straight - sexual identity explained") , Le sujet, donc c'était l'orientation sexuelle "mostly straight", ou majoritairement hétéro.
D'accord, aucun problème. D'accord, intéressant. SAUF QUE. Quelques petits trucs m'ont fait réagir, et voici en substance ce qui m'a le plus posé problème : l'auteur de la vidéo expliquait qu'une grande partie des bisexuels en couple l'étaient avec une personne du sexe opposé, et qu'on pouvait donc techniquement les considérer comme majoritairement hétéros. Parce que l'identité se base sur les choix personnels, sur le comportement ainsi que sur la capacité (à éprouver de l'attirance, je suppose).
Hm.
Désolée, non.
C'est non, mais en plus je trouve que ça nuit énormément à la visibilité de la communauté bisexuelle.
Plus largement, sans forcément parler de cette vidéo : comment faire pour soutenir et défendre son identité, dans ce cas, quand on est bisexuel sans être polygame ? Non parce que, bisexualité et polygamie peuvent coexister comme on peut avoir les yeux bleus et les cheveux noirs, mais à part ça, ces deux choses n'ont rien à voir.
J'ai même envie de dire, comment faire pour soutenir et défendre son identité, dans ce cas, quand on est bisexuel ET pas en couple ni en relation (OMG (vous remarquerez, ça marche aussi pour d'autres orientations)) ?
Etre bisexuel ne veut pas forcément dire avoir la même attirance pour un genre et pour un autre. On peut avoir des préférences. Sans parler de préférences, on peut avoir différents types d'attirances, ou simplement on peut ne pas avoir envie de quantifier ou expliciter parce que ce n'est pas comme ça que ça marche pour soi.
Si quelqu'un veut se dire bisexuel ET "mostly straight", je vois mal comment quiconque pourrait s'y opposer. Mais dire, sans leur demander leur avis, que les personnes bisexuelles en couple avec une personne de sexe opposé sont donc majoritairement hétéros, j'ai le sentiment cauchemardesque que ça revient à nier que la bisexualité peut être une identité tout à fait valide sans qu'on ait besoin de prouver constamment sa réalité.
Parce que oui des fois, les personnes bisexuelles ont envie de partager leur vie avec quelqu'un, et ce quelqu'un, bah oui, des fois il se trouve que c'est une seule personne. Je ne vois pas en quoi ce simple fait changerait à coup sûr leur identité profonde ou la façon dont elles choisissent de se définir elles-mêmes.
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