B.Dandelion

B.Dandelion

Si c'est un homme - Primo Levi

 

SAM_0652.JPG

 

 

J'avais une confiance énorme, inébranlable et stupide dans la bienveillance du destin, et les mots "tuer" et "mourir" avaient pour moi un sens tout extérieur et littéraire.  Mes journées étaient tristes et gaies,  mais je  les regrettais toutes, toutes étaient pleines et positives [...]. 

 

 

Présentation

Si c'est un homme  a été publié pour la première fois en 1947 à Turin. Il s'agit du premier des trois récits autobiographiques de l'écrivain italien Primo Levi (1919 - 1987). Traduit en français en 1987 par Martine Schruoffeneger, le livre retrace  l'arrivée et la vie de l'auteur ainsi que de différents protagonistes dans le camp de concentration de Monowitz, en Pologne,  de 1944 à 1945.

 

 

Avis

(en vrai la citation n'est pas celle que j'aurais voulu mettre mais diantre, je n'ai plus le livre sous la main et c'est la seule que j'ai notée.)

 

Je dois dire une chose : on m'a souvent parlé de ce livre avant que je ne  me décide à le commencer, pourtant il a  réussi à me surprendre de par  son ton très sobre.  Dans la préface, Primo Levi insiste sur son envie de retranscrire des faits, de faire un compte-rendu scientifique permettant ensuite de réfléchir au fonctionnement de l'esprit humain, par l'analyse d'une situation et d'un environnement particuliers, donc sans doute révélateurs.

 

Levi avait vingt-quatre ans quand lui et d'autres membres d'un mouvement révolutionnaire italien  ont croisé la milice fasciste,  en 1943.  Il sera déporté en février 1944 vers Monowitz, un camp auxiliaire d'Auschwitz.  

 

Première situation impensable : le trajet. Des dizaines de personnes entassées dans des wagons sans fenêtre, sans nourriture, sans eau, pendant des jours et dans le froid. Et puis le cauchemar éveillé continue : arrivés à destination, les gens son séparés sans explication, conduits dans des endroits étranges, déshabillés, passés à l'eau froide, puis laissés debout en rangs pendant des heures, toujours sans explication. Vous voyez l'ambiance.  Et ce n'est que le début.

 

Dans le camp de Monowitz, les prisonniers sont destinés à travailler à la construction d'une usine de caoutchouc synthétique. Il y règne un  ordre strict.  Absurde, mais  strict. Au début, Levi est un "bleu" qui ne comprend rien aux ficelles de cet univers. A ce titre, il est traité avec dérision et indifférence par les détenus plus anciens. Dans les camps, c'est chacun pour soi, alors il faut apprendre vite. Obligation de prendre une douche tous les jours,  interdiction de ne pas porter sa chemise sous sa veste,  interdiction  de ne pas avoir tous ses boutons ou de perdre ses lacets, obligation de cirer ses chaussures (sans cirage à disposition)... il y a même un hôpital. Oui, un hôpital dans un camp d'extermination où les gens se tuent chaque jour à la tâche et sont destinés à mourir une fois qu'ils auront été jugés économiquement inutiles. Mais attention hein, si vous entrez dans cet hôpital avec votre écuelle et votre cuillère on vous les confisque et vous devrez vous en procurer de nouvelles le jour de votre sortie (si vous sortez), on ne sait comment puisqu'on n'en distribue pas deux fois.  Là aussi, vous voyez le genre.

 

 C'est une sorte de destruction  par l'absurde, la mise en place d'un ordre  qui défie les lois de la raison, tout ça mélangé à l'horreur sans fard qui éclate de temps à autre quand personne n'est préparé. C'est frappant de voir  que les prisonniers ne tentent rien contre les SS,  malgré leur supériorité numérique. Mais quand il est chaque jour question de survivre à  l'anéantissement (mental et physique), on comprend qu'il soit difficile de s'organiser. Ceux qui en sont capables concentrent leurs forces  à  monter des combines, à échanger des rations de pain ou de soupe contre des choses qui, si petites soient-elles, peuvent faire la différence entre la vie et la mort, etc.

 

 Primo Levi nous raconte plus d'une année de détention, jusqu'à la désertion du camp par les nazis à l'arrivée de l'armée russe. Il parvient à livrer un témoignage dépassionné : il parle peu de lui-même, décrit beaucoup ce qu'il voit et la vie des autres, insiste aussi sur un état qui n'est plus la vie, qui n'est pas encore la mort non plus, bref, un  entre-deux dont il est sûrement difficile de prendre la mesure sans l'avoir vécu.  Tout ce qui est en sous-jacence m'a frappée à retardement, au premier abord ça se lit bien mais au final, oui,  ce livre est dur à sa manière. 

 

 

 En bref

Un témoignage instructif sur  la vie quotidienne dans un camp d'extermination,  au style sobre et informatif.  Une lecture qui fait réfléchir sur l'époque de la deuxième guerre mondiale mais aussi, et beaucoup, sur la nature humaine.  



13/06/2016
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 6 autres membres