B.Dandelion

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Demon Days - Gorillaz

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Et voilà !

Comme vous l'avez choisi, je me suis attaquée au deuxième album du groupe Gorillaz : Demon Days, sorti en 2005.

 

Let's go, pals.  

 

Cet album, deuxième du groupe, me semble à la fois plus cohérent et plus accessible que le premier et plus susceptible de taper dans l'oreille si on n'est pas habitué à l'univers de Gorillaz. Si on est habitué, eh bien c'est un très bon album du groupe.

 

En vérité, Gorillaz fait une espèce de grande cuisine musicale et, si j'en crois ce que nous dit Murdoc Niccals (le bassiste) dans leur livre biographique Rise of the Ogre  paru en 2006, ils le revendiquent largement. On voit le bagage musical que chaque membre amène avec lui. Murdoc est fan de heavy metal depuis son adolescence ; il a monté un nombre incalculable de groupes avant de trouver LE quatuor. Le premier à le rejoindre (dans des circonstances peu communes) est 2D, fan enthousiaste de bidules électronique, synthés et autres qu'il adorait bidouiller plus jeune. Russell Hobbs, fin connaisseur de hip hop et encyclopédie musicale vivante, s'ajoute au duo et devient batteur. Pour finir, Noodle (qui leur tombe dessus de la manière la plus incroyable qui soit) est une guitariste hors-pair, capable de balancer des riffs exceptionnels.

 

Vous le savez sans doute mais, nonobstant cette biographie, les membres du groupe sont des personnages fictifs (ce qui n'empêche pas qu'ils aient chacun leur histoire et leur propre réalité). Gorillaz, groupe virtuel donc, est mené dans les coulisses par le chanteur et musicien Damon Albarn et le graphiste Jamie Hewlett. Chaque album est l'occasion de nombreuses collaborations ; rien que pour Demon Days il y a une petite quinzaine d'invités.

 

Demon Days est composé de 15 titres dont une introduction d'une minute, un petit interlude qui, d'étrange, devient inquiétant et surréaliste. Voilà qui annonce la couleur  : c'est grinçant, en harmonie avec le titre. Si on fait attention aux paroles des chansons, c'est globalement apocalyptique. Par exemple les paroles de Fire coming out of the monkey's head  sont construites comme une histoire, un conte d'utopie perdue, d'avidité et de destruction. Dans Kids with guns  il y a visiblement d'enfants armés. En réalité le texte est à la fois explicite, saccadé et mystérieux. Pour prendre deux autres exemples, le sens de Every planet we reach is dead  et de Last living souls  n'est pas des plus évidents mais clairement pas optimiste. Quand la première semble parler d'amour malheureux, la deuxième lance l'interrogation joyeuse «  are we the last living souls  ?  » et quelque part y a un pistolet. Voilà.  

 

 

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Passons à la musique ? Demon Days, selon les titres, comporte pas mal d'éléments de pop (je pense à Kids with guns ou Don't get lost in heaven ), des lignes d'instruments et des textures qui se marient très bien au bagage électronique omniprésent (Fire coming out of the monkey's head, Dare, Dirty Harry, O green world, All alone...) ainsi qu'aux aspérités et aux bizarreries inhérentes à Gorillaz. La première de ces bizarreries étant la voix de 2D. Ce ne fut pas tout de suite l'amour fou entre Gorillaz et moi, en partie à cause de cette voix rocailleuse, aérienne et nasillarde. Et puis, un jour, je m'y suis faite et j'ai du même coup osé apprécier le style de Gorillaz dans son ensemble  : je le vois comme une sorte de patchwork qui ne cesse de se coudre et de se découdre et qui peut donner l'impression de n'avoir pas grand-chose à quoi se raccrocher. Prenons une séquence de trois chansons qui se suivent, pour voir  : avec Every planet we reach is dead, huitième titre, on sent dans la musique une influence blues mélangée à des accents électroniques et hip hop. En passant au neuvième titre November has come, le hip hop touche le chant avec pas mal de parties rappées, et quelle différence ça fait  ! Et le dixième morceau, All alone, selon moi illustre le mieux l'étrangeté et la tambouille gorillaziennes sur cet album. Si on l'écoute de bout en bout, l'effet est garanti (du moins j'espère n'être pas seule dans le délire) :

 

 

 

 

Faisons un petit bond jusqu'à la douzième chanson, Dare, avec Noodle au chant. Ca me fait légèrement penser au funk synthétique des années 1980. Oh j'ai envie de faire une minute « genres et sous-genres musicaux », revenons un poil en arrière : le funk à la base est un mouvement des années 1960 inspiré par le jazz, le rythm and blues (lui-même dérivé du blues), avec une forte rythmique et qui contribua à donner lieu au disco. Le funk synthétique, lui, frappe plus tard avec des influences disco et des synthés en renfort. Dare  est aussi un bon exemple d'une chose que j'ai du mal à exprimer  : parfois, Gorillaz me donne une impression d'indolence… ou de nonchalance musicale. Pas les bons qualificatifs, qui ont une connotation négative alors que ce n'est pas ce que je veux dire. Pouvons-nous dire «  coolitude désabusée » alors  ? Bref, je ne saurais pas vous dire ce qui me fait dire ça. Je retrouve cette sensation particulière dans Last living souls, Kids with guns et Fire coming out of the monkey's head (vous aussi vous avez un peu pensé aux musiques des vieux jeux d'arcade avec ce morceau ou je suis seule dans une barque qui prend l'eau de manière de plus en plus critique ?). Si jamais vous écoutez ces chansons et que vous trouvez l'étincelle ultime, DITES-LE MOI. C'est aujourd'hui une des choses que j'apprécie vraiment chez eux.

 

Quand on regarde les clips vidéo pour les singles, on remarque que ceux de Feel Good Inc et El Mañana se suivent. Les chansons se suivent aussi sur l'album. Fonctionnent-elles en duo ? En tout cas, on peut là aussi voir la diversité musicale de Gorillaz. Le premier a des éléments de hip hop et des refrains plus mélodiques, qui tranchent. Les contrastes musicaux de ce genre me font toujours de l'effet, et pas de doute ça fonctionne ici, d'autant que les rires désagréables qui ponctuent le morceau mettent les nerfs à vif (grrr) par dessus le marché. El Mañana a plutôt un air de ballade triste. Romantique ? On pourrait dire que l'ambiance est radicalement différente, pourtant j'ai l'impression de retrouver la même nostalgie et la même délicatesse dans les deux titres. Oh et au fait, le clip de El Mañana met en scène la mort de Noodle et donne envie de se mettre du citron dans les yeux. Voilà je vous laisse avec ça, si vous ne connaissez pas la suite et si vous voulez en savoir plus vous serez obligés de vous plonger dans l'histoire de Gorillaz (hahahaha je suis machiavélique).

 

 

 

 

Comme on arrive à la fin de cette chronique, arrêtons-nous sur le dernier morceau de l'album, éponyme. Après pas mal de bonds et de rebonds musicaux, il clôt le voyage sur une note apaisée. Il laisse la part belle aux instruments à cordes, la voix en arrière-plan puis, plus tard, des chœurs. Il se cache même  une note d'espoir dans les paroles :  «  so pick yourdelf up, it's a brand new day, so turn yourself round, turn yourself around to the sun  ». Un bon morceau de fin, non ?

 

Avant de raccrocher le micro, je vous dis juste quels titres sont mes préférés  : Last living souls, Dare, Fire coming out of the monkey's head, Demon Days, Feel Good, El Mañana et… et ce sera tout. Au contraire, je n'ai pas pu me réconcilier avec le onzième morceau, White light.  

 

Demon Days, ce fut donc une écoute et une série de réécoutes fort instructives et enrichissantes. jJespère que cet album vous plait/ vous plaira autant qu'à moi !



20/02/2017
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